Le lanceur d’alerte américain réagit au scandale du Projet Pegasus. Il dénonce ces entreprises qui, sous couvert de sécurité, ne vendent que des logiciels espions, et appelle à leur bannissement.
Edward Snowden avait dévoilé en 2013 la surveillance massive de la NSA aux Etats-Unis et dans le monde. Sollicité par un consortium de médias à l’occasion des révélations sur le Projet Pegasus, il hausse aujourd’hui le ton contre le marché des logiciels malveillants.
Dans son viseur, des entreprises comme NSO qui commercialise Pegasus. « Nous devons mettre fin à la vente de ces technologies intrusives, c’est la seule façon de nous protéger », plaide-t-il dans les colonnes de The Guardian et du Monde. Car pour lui, une nouvelle étape a été franchie avec cette affaire.
Une industrie qui échappe à tout contrôle
Il y a huit ans, il luttait contre la surveillance abusive des gouvernements. Mais il s’agissait de logiciels maison s’appuyant sur des fournisseurs de service privés.
« Il y avait un voile de légitimité et de légalité des procédures », se rappelle-t-il.
Aujourd’hui, cette industrie serait devenue une sorte de Far West. Avec un véritable marché de logiciels malveillants.
« Ce secteur ne commercialise que des outils d’infection. Ces sociétés ne vendent pas de produits destinés à la sécurité, ne fournissent aucune protection, aucun remède. Elles ne produisent pas de vaccins, elles ne vendent que le virus », dénonce-t-il.
Un moratoire sur le commerce des failles logicielles
Aujourd’hui, ce sont des régimes autoritaires qui ciblent des activistes. Mais, demain, tout le monde pourra être concerné. L’informaticien et lanceur d’alerte s’inquiète de ces pratiques échappant à tout contrôle et toute procédure légale.
« Vous ne pouvez pas installer des micros dans 50 000 foyers, il n’y a pas assez de spécialistes en écoutes dans tous ces pays pour ça. Mais s’ils peuvent simplement tendre le bras et accéder à votre poche, ils le feront », suppute Snowden.
Plusieurs actions pourraient être menées de front pour éviter la prolifération de ces outils, en plus de l’interdiction de le vente des logiciels malveillants.
« Il faut un moratoire mondial sur le commerce des failles logicielles et des outils exploitant ces failles », propose-t-il.
Il plaide aussi pour préserver la recherche sur le sujet, mais en interdisant d’en tirer un profit pécuniaire. Enfin, il invite à se pencher sur le régime actuel des exportations qui a échoué à contrôler l’impact de cette industrie.
« La seule façon de lutter est de changer les lois qui permettent à ces entreprises d’opérer et de commercer », conclut-il.
Source : Le Monde